Le géant américain des semi-conducteurs Nvidia a annoncé vendredi la fourniture de plus de 260 000 de ses puces IA les plus avancées au gouvernement sud-coréen et à plusieurs fleurons industriels du pays, dont Samsung Electronics. Cet accord s’inscrit dans une stratégie plus large visant à transformer l’industrie manufacturière mondiale grâce à l’intelligence artificielle, marquée également par le lancement d’une « usine IA » (AI Factory) de nouvelle génération avec Samsung.
Un accord majeur pour l’IA en Corée du Sud
Cette annonce, qui s’ajoute à une série de succès mondiaux ayant permis à Nvidia de devenir la première entreprise à atteindre 5 000 milliards de dollars de capitalisation boursière, vise à positionner la Corée du Sud comme un hub régional majeur pour l’intelligence artificielle. La décision fait suite à une rencontre entre le PDG de Nvidia, Jensen Huang, le président coréen Lee Jae Myung et les dirigeants de Samsung, SK Group et Hyundai Motor Group, en marge du sommet de l’APEC à Gyeongju. « Tout comme les usines physiques de la Corée ont inspiré le monde, la nation peut désormais produire de l’intelligence comme un nouveau produit d’exportation qui stimulera la transformation mondiale », a déclaré Jensen Huang.
Samsung et Nvidia lancent une « usine IA »
Au cœur de cette collaboration, Nvidia et Samsung Electronics prévoient de construire une nouvelle « usine IA ». Cette installation de pointe, qui sera équipée de plus de 50 000 GPU Nvidia, représente une nouvelle ère où l’informatique intelligente converge avec la fabrication de puces. Elle servira de pièce maîtresse à la transformation numérique de Samsung, intégrant l’informatique accélérée directement dans la production de semi-conducteurs avancés. Les deux entreprises, partenaires depuis plus de 25 ans, établissent ainsi une référence mondiale pour la fabrication de puces à grande échelle pilotée par l’IA, permettant la maintenance prédictive, l’amélioration des processus et une efficacité opérationnelle accrue dans des usines autonomes. « Nous sommes à l’aube de la révolution industrielle de l’IA », a affirmé M. Huang. Jay Y. Lee, président exécutif de Samsung Electronics, a ajouté : « De notre DRAM pour la première carte graphique de Nvidia en 1995 à notre nouvelle usine IA, nous sommes ravis de poursuivre ce long voyage. »
Optimisation des processus et expansion de l’écosystème
Samsung exploite déjà les technologies Nvidia pour accélérer sa propre production. L’entreprise utilise la plateforme Nvidia Omniverse pour créer des « jumeaux numériques » (digital twins) de ses usines mondiales, afin de réduire le temps entre la conception et l’exploitation. Samsung déploie également la bibliothèque Nvidia cuLitho pour accélérer la lithographie computationnelle, l’une des charges de travail les plus intensives du processus de fabrication de puces. Parallèlement, d’autres acteurs coréens déploieront ces technologies : le gouvernement prévoit d’investir dans l’infrastructure de l’IA avec plus de 50 000 puces. SK Group et Hyundai Motor Group déploieront chacun jusqu’à 50 000 puces pour les usines intelligentes et la fabrication de véhicules. Hyundai construit un « supercalculateur » pour développer l’IA embarquée et la conduite autonome. Naver, le principal portail Internet du pays, achètera 60 000 puces Nvidia.
Nvidia étend sa stratégie d’investissement
Au-delà de ces contrats de fourniture, Nvidia poursuit une stratégie d’investissement agressive dans l’écosystème IA. Selon des informations de Bloomberg, le géant chercherait à investir entre 500 millions et 1 milliard de dollars dans Poolside, une startup spécialisée dans les modèles d’IA pour le développement logiciel. Cet investissement s’inscrirait dans le cadre d’une levée de fonds de 2 milliards de dollars pour Poolside, valorisant la startup à 12 milliards de dollars. Cela confirme la tendance de Nvidia à diversifier son portefeuille, après des investissements annoncés chez Wayve (conduite autonome) et une prise de participation chez Intel le mois dernier.
Contexte géopolitique et diversification
Le renforcement des liens de Nvidia avec la Corée du Sud, qui abrite des leaders mondiaux des semi-conducteurs et de l’automobile, intervient alors que l’entreprise est confrontée aux retombées de la guerre commerciale sino-américaine. M. Huang a admis ce mois-ci que les restrictions américaines à l’exportation vers la Chine, citant la sécurité nationale, avaient « réduit drastiquement » sa part de marché dans le pays. En conséquence, Nvidia cherche à consolider son avantage sur des marchés moins affectés par les tensions géopolitiques, en ciblant des secteurs clés comme l’industrie manufacturière, l’automobile et la robotique.
